Les équations polynomiales de degré 3 sont de la forme : ax3+bx2+cx+d=0.(1)
Ce dont nous pouvons être assuré.e.s, c’est qu’elle admet au moins une solution réelle. En effet, la fonction : f(x)=ax3+bx2+cx+d
est continue sur R et, de plus, {lim
où \text{sgn}(a) désigne le signe de a.
Ainsi, d’après le théorème des valeurs intermédiaires, l’équation f(x)=0 admet au moins une solution sur \mathbb{R}.
Équations polynomiales de degré 3: transformation de Tschirnhaus
Dans un premier temps, nous allons transformer l’équation (1) : (1) \iff x^3+\frac{b}{a}x^2+\frac{c}{a}x+\frac{d}{a}=0.
On pose alors x=X-\displaystyle\frac{b}{3a} : \begin{align*} & (1)\\ \iff & \left(X-\frac{b}{3a}\right)^3+\frac{b}{a}\left(X-\frac{b}{3a}\right)^2+\frac{c}{a}\left(X-\frac{b}{3a}\right)+\frac{d}{a}=0\\ \iff & X^3-\frac{b}{a}X^2+\frac{b^2}{3a^2}X-\frac{b^3}{27a^3}+\frac{b}{a}\left(X^2-\frac{2b}{3a}X+\frac{b^2}{9a^2}\right)+\frac{c}{a}X\\ & -\frac{bc}{3a^2}+\frac{d}{a}=0\\ \iff & X^3+\left(\frac{b^2}{3a^2}-\frac{2b^2}{3a^2}+\frac{c}{a}\right)X-\frac{b^3}{27a^3}+\frac{b^3}{9a^3}-\frac{bc}{3a^2}+\frac{d}{a}=0\\ \iff & X^3+\left(\frac{3ac-b^2}{3a^2}\right)X+\frac{2b^3-9abc+27a^2d}{27a^3}=0\end{align*}
On peut donc simplifier l’équation (1) en : X^3+pX+q=0\qquad (2)
avec : \left\{\begin{array}{l}p=\frac{3ac-b^2}{3a^2}\\[10pt]q=\frac{2b^3-9abc+27a^2d}{27a^3} \end{array}\right.
Équations polynomiales de degré 3: méthode de Hudde

La méthode de Hudde consiste à poser dans l’équation (2) : X = u+v
en remarquant l’égalité suivante : (u+v)^3=u^3+3u^2v+3uv^2+v^3.
On a alors : (u+v)^3-u^3-3u^2v-3uv^2-v^3=0.
On en déduit alors : (u+v)^3-3uv(u+v)-(u^3+v^3)=0,
soit : X^3-3uvX-(u^3+v^3)=0.\qquad (3)
Pour que les équations (2) et (3) soient semblables, on pose alors : \left\{\begin{array}{l}p=-3uv\\q=-(u^3+v^3)\end{array}\right.
soit : \left\{\begin{array}{l}uv=-\frac{p}{3}\\u^3+v^3=-q\end{array}\right.
ou encore : \left\{\begin{array}{l}u^3v^3=-\frac{p^3}{27}\\u^3+v^3=-q\end{array}\right.
Équations polynomiales de degré 3: formule de Cardan-Tartaglia


En posant U=u^3 et V=v^3, on s’aperçoit que l’on doit chercher deux nombres U et V connaissant leur somme S et leur produit P. Ainsi, U et V sont solutions de l’équation : Y^2-SY+P=0,
soit : Y^2+qY-\frac{p^3}{27}=0.\qquad (4)
Le discriminant du polynôme Y^2+qY-\frac{p^3}{27} est : \Delta = q^2+\frac{4p^3}{27}.
Pour que l’équation (4) ait au moins une solution, il faut que \Delta\geq 0, soit : 27q^2+4p^3 \geq 0.
Sous cette dernière condition, on a : U=\frac{-q-\sqrt{\frac{27q^2+4p^3}{27}}}{2}\qquad\text{et}\qquad V=\frac{-q+\sqrt{\frac{27q^2+4p^3}{27}}}{2}.
Et donc : u=\sqrt[3]{\frac{-q-\sqrt{\frac{27q^2+4p^3}{27}}}{2}}\qquad\text{et}\qquad v=\sqrt[3]{\frac{-q+\sqrt{\frac{27q^2+4p^3}{27}}}{2}}.
Ainsi, une solution à l’équation (2) est : X=u+v=\sqrt[3]{\frac{-q-\sqrt{\frac{27q^2+4p^3}{27}}}{2}}+\sqrt[3]{\frac{-q+\sqrt{\frac{27q^2+4p^3}{27}}}{2}}.
Équations polynomiales de degré 3: un exemple au hasard (ou presque …)
Considérons l’équation : (E)\ :\ 2x^3-5x^2+4x-21=0.
On pose alors : \left\{\begin{array}{l}p=\frac{3\times2\times4-(-5)^2}{3\times2^2}=\frac{-1}{12}\\q=\frac{2\times(-5)^3-9\times2\times(-5)\times4+27\times2^2\times(-21)}{27\times2^3}=-\frac{2158}{216}\end{array}\right.
Ainsi : (E)\Leftrightarrow X^3-\frac{1}{12}X-\frac{1079}{108}=0.
On a alors : \Delta=\sqrt{\frac{2695}{27}}\approx 9,99073645.
Et donc : \begin{align*}u \approx 0,012897285\\v \approx 2,153769382\end{align*}
soit : X=u=v\approx 2,166666667
et donc, finalement : x=X+\frac{5}{6}=3.
Si on remplace x par 3 dans (E), on vérifie bien que x = 3 est une de ses solutions.
Une étude de Bombelli

Bombelli a étudié l’équation : X^3-15X-4=0.
Il a obtenu : \Delta = -13608
tt donc : X=\sqrt[3]{2-\sqrt{-121}}+\sqrt[3]{2+\sqrt{-121}}
que l’on peut aussi écrire, en faisant fi du fait que l’on ait un radicant négatif pour la racine carrée : X=\sqrt[3]{2-11\sqrt{-1}}+\sqrt[3]{2+11\sqrt{-1}}.
Bombelli s’est alors aperçu que : \sqrt[3]{2-11\sqrt{-1}}=2-\sqrt{-1}\qquad\text{et}\qquad \sqrt[3]{2+11\sqrt{-1}}=2+\sqrt{-1}.
Ainsi : X=2-\sqrt{-1}+2+\sqrt{-1}=4.
Ainsi, en concevant que \sqrt{-1} existe, il s’aperçut que cela ne gênait pas les calculs, qui menaient tout de même à une solution.
C’est ainsi que les nombres complexes firent leur apparition, nombres s’écrivant sous la forme a+b\sqrt{-1} ou, en posant \text{i}=\sqrt{-1}, a+\text{i}b.
Algorithmique
Comme vous l’avez constaté, les calculs peuvent être assez fastidieux. Nous pouvons donc avoir recours à un algorithme pour déterminer une solution. Je vous en propose un dans le fichier PDF. Cet algorithme (sous Algobox) dans le fichier zippé.
Les sources \LaTeX du document PDF :
Une fonction Python pour trouver une solution (dans le cas où le discriminant est positif ou nul) est:
def resol(a,b,c,d): p = (3*a*c - b*b) / (3*a*a) q = (2*(b**3)-9*a*b*c + 27*a*a*d)/(27*(a**3)) delta = (27*q*q + 4*(p**3))/27 if delta >= 0: u = (-q - delta**0.5)/2 v = (-q + delta**0.5)/2 s = u/2 for _ in range(50): s = ( 2*s + u/(s*s) )/3 u = s s = v/2 for _ in range(50): s = ( 2*s + v/(s*s) )/3 v = s s = u + v - b/(3*a) return s else: return "Le recours aux nombres complexes s'impose."
>>> resol(2,-5,4,-21)
2.9999999999992792
On retrouve (presque) la solution précédemment trouvée, qui était « 3 ».