On considère un polynôme à coefficients entiers : P(X)=n∑k=0ckXk,∀k∈[0;n]∩N, ck∈Z.L’objectif ici est de démontrer que s’il admet une racine rationnelle irréductible ab alors a divise c0 et b divise cn.
Démonstration
On part de l’hypothèse selon laquelle P(ab)=0 puisque ab est une racine du polynôme P : P(ab)=0⟺n∑k=0ck(ab)k⟺c0+c1ab+c2a2b2+⋯+cnanbn=0⟺c0bn+c1abn−1+c2a2bn−2+⋯+cn−1an−1b+cnan=0. De cette dernière égalité, on peut en déduire deux résultats :
- Dans un premier temps, c0bn=−c1abn−1−c2a2bn−2−⋯−cn−1an−1b−cnan=−a(c1bn−1+c2abn−2+⋯+cn−1an−2b+cnan−1) Or, pgcd(a,b)=1 donc pgcd(a,bn)=1 et, d’après le théorème (arithmétique) de Gauss, a divise c0 ;
- D’autre part, cnan=−c0bn−c1abn−1−c2a2bn−2−⋯−cn−1an−1b=−b(c0bn−1+c1abn−2+c2a2bn−3+⋯+cn−1an−2) Or, pgcd(a,b)=1 donc pgcd(an,b)=1 et, d’après le théorème (arithmétique) de Gauss, b divise cn.
Application
Ce résultat peut nous servir par exemple à démontrer que sinπ18 est irrationnel. En effet, on sait que : sin(3×π18)=sinπ6=12; de plus, sin(3x)=3sinx−4sin3x donc, de ces deux égalités, on déduit : 3sinπ18−4sin3π18=12 soit, en posant S=sinπ18, 3S−4S3=12 ou encore : 8S3−6S+1=0.
En posant X=2S, l’égalité devient :X3−3X+1=0. Si sinπ18 est rationnel alors il en est de même pour son double X.
Or, d’après le résultat démontré précédemment, si l’équation X3−3X+1=0 admet une solution rationnelle ab alors a divise 1 et b divise 1, ce qui ne laisse comme choix pour solution que X=1 ou X=−1.
Mais ni 1 ni −1 n’est solution de l’équation, ce qui signifie que l’équation X3−3X+1=0 n’admet aucune solution rationnelle et donc que la solution connue, à savoir X est irrationnelle et donc que S est irrationnelle.