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TIMSS : les élèves français sont derniers en mathématiques

  • Dernière modification de la publication :1 février 2021
  • Temps de lecture :11 min de lecture
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Le 8 décembre 2020, nous avons appris que selon l’enquête TIMSS, les élèves français de CM1 et 4ème étaient les derniers en mathématiques sur 58 pays au total.

TIMSS élèves français derniers mathématiques

Beaucoup d’articles parlent de ce constat sans apporter de raison ni de remède. Je n’ai pas la science infuse, mais je vais quand-même réfléchir sur ces deux points, dans l’espoir d’être peut-être contredit ou approuvé dans la partie « commentaires ».

TIMSS, les élèves français de CM1 et 4ème derniers en mathématiques: les éventuelles raisons

L’éducation familiale

La première raison qui me vient à l’esprit est tout simplement leur éducation. C’est peut-être bête à dire, mais si les parents n’aiment pas les maths, ils peuvent transmettre leur désamour de cette discipline de manière inconsciente. Une famille qui n’aime pas les maths ne poussera pas les enfants à réfléchir intelligemment, avec logique, avec de la réflexion. Je ne parle pas d’un haut niveau de réflexion, mais d’un niveau que tout parent peut avoir.

Il me semble avoir lu, il y a fort fort longtemps, une étude montrant l’utilité de proposer aux enfants en bas âge des jeux de logique. J’ai le souvenir de cette sphère dans laquelle il y avait des trous en forme de cercle, carré, étoile, … Il n’est pas stupide de penser que ce jeu développe une partie du cerveau propre au raisonnement.

Le jeu ci-dessous est aussi un bon moyen d’initier les enfants à la réflexion.

jeu tetris pour enfants

En fait, même dans la vie de tous les jours, il est du devoir des parents de susciter la curiosité des enfants afin qu’ils prennent goûts à la réflexion, sous n’importe quelle forme.

Et je pense que c’est là que ça coince… Si les parents n’aiment pas réfléchir, ils n’auront peut-être pas le réflexe de se comporter ainsi avec leurs enfants.

Raison 1 : les enfants n’ont plus le goût de la réflexion parce que les parents ne le leur transmettent pas toujours.

Une autre époque: celle du « tout numérique »

Étant passionné de numérique, loin de moi l’envie de critiquer cette évolution. En revanche, je peux me permettre de critiquer son utilisation quasi-systématique.

Depuis toujours, l’être humain n’a cessé d’inventer des outils qui rendent ses tâches moins laborieuses. C’est louable. La calculatrice, par exemple, a été inventée à l’origine pour effectuer des calculs qu’un scientifique pouvait faire durant toute sa vie (table des logarithmes par exemple). Aujourd’hui, les ordinateurs, quel que soit leur format, sont omniprésents dans la vie d’un·e enfant et d’un·e adolescent·e, et il est bien connu que les écrans sont addictifs, surtout à cet âge ! Les liaisons neuronales se crées toute notre vie, mais au cours de l’enfance et de l’adolescence, la neuroplasticité est souple et il est facile pour les jeunes de former le cerveau uniquement au numérique, en omettant tout le reste… Un article édifiant conclut ainsi:

  1. les enfants qui vivent dans un habitat où la télévision est presque toujours allumée ont près de 3 fois plus de risques de ne pas savoir lire à la sortie du cours préparatoire;
  2. « les enfants surexposés aux écrans ont plus de risques de souffrir d’un retard de langage que les autres. (…) Une étude a montré que chaque heure supplémentaire passée devant la télévision par un enfant en bas âge diminuait ses performances scolaires à l’âge de 10 ans : moindre intérêt pour l’école, moindre habileté au plan mathématique »;
  3. « les enfants qui passent trop de temps devant les écrans (…) seraient moins heureux, plus anxieux et plus déprimés que les autres »;

Je vous conseille de lire cet article entièrement car il est très instructif.

Raison 2 : les enfants passent trop de temps devant les écrans.

TIMSS, les élèves français de CM1 et 4ème derniers en mathématiques: les solutions

Je ne vais pas prétendre avoir les solutions miracles (qui serais-je pour cela?). Je vais réfléchir, avec vous si vous me le permettez, à ce que l’on pourrait faire concrètement.

Du côté des parents

Jeux de société

Il faut s’y prendre très tôt: proposez aux enfants des jeux de réflexion. Même si les parents ne se sentent pas à l’aise avec la logique, les mathématiques et la réflexion en général, ce n’est pas une raison pour qu’il en soit de même pour leurs enfants.

Les jeux mentionnés plus haut peuvent convenir aux enfants en bas âge. Plus tard, ce sera d’autres jeux sollicitant leur sens de la logique et du raisonnement qu’il faudra leur offrir (par exemple ceux de cette page: Pagode, Lixso, Cortex, …).

Les jeux de société sont un bon prétexte pour plusieurs raisons; ils permettent de:

  • passer du temps en famille, ce qui crée un équilibre psychologique;
  • apprendre à perdre, ce qui est nécessaire pour ne pas baisser les bras au moindre obstacle dans les études, et dans la vie en général;
  • se surpasser pour arriver à l’objectif fixé;
  • s’amuser (quand-même ! il ne faut pas oublier cela).

L’association de l’amusement et des autres avantages (apprendre à perdre et se surpasser) aura probablement une incidence majeure sur la façon dont l’enfant verra ses études.

famille jeu de société

Le goût de la lecture

Beaucoup d’élèves échouent en maths au collège et au lycée en partie à cause de leurs difficultés à comprendre un énoncé. Il faut donc s’attaquer au cœur du problème: la lecture et la compréhension de textes.

Lire une histoire aux enfants développe leur imagination; c’est une bonne chose. Mais on peut aller plus loin en leur demandant de relire quelques phrases de l’histoire de temps en temps, et de demander ce qu’elles veulent dire.

Le goût des nombres

Compter peut être amusant, et les enfants doivent le savoir. À chaque fois que l’on peut compter, il ne faut pas s’en priver.

Associer nombres et écriture de nombres l’est tout autant:

compter avec ses doigts

N’oubliez-pas que les enfants aiment apprendre ! La race humaine est curieuse par nature: ne la bridez pas dès le plus jeune âge…

Le goût d’apprendre

Dans un cas général, il serait bon d’inculquer le goût d’apprendre. C’est facile à dire, moins à faire, je le sais… Quand on est parents et que l’on souhaite que nos enfants réussissent, je pense que l’on peut faire des efforts. Ce qui paraissait artificiel pourrait devenir naturel…

Du côté des enseignant·e·s

Au fil des années, il est facile de passer du côté obscur de la force. On peut oublier ce qu’est le métier d’enseignant·e.

Les conditions de travail ne sont pas toujours optimales, mais il faut se faire violence. Quand un·e enseignant·e est en classe, tout ce qu’il y a en dehors ne devrait plus exister. Il ne faut pas oublier les raisons qui nous ont poussé à vouloir transmettre notre savoir. Se remettre en question régulièrement est nécessaire. Il est facile de ne pas s’apercevoir que l’on barbe les élèves !

Le dialogue est primordial: il faut leur demander si la façon dont se passent les cours leur convient. Si tel n’est pas le cas, écouter leurs propositions.

Enseigner est difficile, surtout quand on a plus de 30 élèves aux profils différents dans une même classe. À mon avis, cette histoire de classe hétéroclite est une absurdité ! Comment voulez-vous qu’un·e enseignant·e puisse susciter l’attention pleine et entière de deux adolescents dont le premier comprend de suite et le second nécessite plusieurs explications ?

  • S’il (elle) va trop vite (pour satisfaire le premier), le second se sentira frustré;
  • s’il va trop lentement (pour satisfaire le second), le premier s’ennuiera et son attention s’éloignera.

Et nous savons qu’il n’y a pas que deux cas différents ! Chaque élève comprend à son propre rythme. Il faut donc faire des classes homogènes pour donner une chance aux élèves (au collège). Pour le lycée, c’est différent car les classes uniques n’existent plus à partir de la Première.

Au lycée, les enseignant·e·s ont tendance à croire que les élèves sont matures… mais il n’en est rien ! Enfin… certain·e·s le sont, certes, mais une grande majorité a besoin d’être maternée…

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Axel Chambily

Cher collègue, tout à fait d’accord avec votre paragraphe sur le numérique. Ayant enseigné les mathématiques et l’informatique pendant 42 ans à partir de 1979, j’ai daté le début de la décroissance du niveau aux années 1990-1995. Or celles-ci correspondent à la démocratisation des calculettes, à la volonté de vouloir « caser » l’ordinateur partout et à tout prix (et à mauvais escient avant l’apparition de l’ISN 20 ans plus tard), et à l’avènement des téléphones portables ainsi que la multiplication des écrans…

Jean-Claude Pladys

Bonjour,
Il est facile d’accuser les parents et effectivement certains voudraient que tout vienne de l’école, oui mais, je pense que le problème principal n’est pas là. Pour vous donner un exemple: Ma mère ( Née en 1928 ) d’origine polonaise a quitté l’école en CM2 et elle savait compter, écrire sans faute et un bon niveau en géographie comme en histoire. Le problème est plus sociétal avec des professeurs qui n’osent ou ne peuvent plus mettre de notes, les calculatrices à l’école c’est une décision de l’éducation nationale, il y a des élèves qui rentre à l’IUT et qui ne savent pas poser une division, suppression des dictées, interdiction à certains « prof » de supprimer des points pour les fautes de français et ça ce sont également des décisions de l’éducation nationale ! Je ne voudrais pas faire partie du corps enseignant aujourd’hui; c’était pourtant un beau métier respecté, autrefois … Je devrais plutôt écrire: autre temps autre foi.
Pour info, nous avons choisi l’IEF ( Instruction En Famille ) et notre fille de 5 ans 1/2 a 1 an d’avance sur le programme de l’éducation nationale et est bilingue, français / anglais.
Bon courage à toutes et tous.